Au revoir Facebook (il était temps !)

Julie Pouliquen
6 min readAug 19, 2021

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Photo par “Thought Catalog” sur Unsplash

Cela fait 14 ans que je suis sur Facebook. J’étais parmi les premier⋅ère⋅s à rejoindre cette plateforme qui, il faut le dire, était révolutionnaire. Aujourd’hui, Facebook joue plusieurs rôles dans ma vie : des rôles parasites, dont je veux me défaire, des rôles annexes, qui peuvent être oubliés ou remplacés, et un dernier rôle plus positif, que je veux me réapproprier.

Premier post (ne me jugez pas, tout était en anglais sur Facebook à l’époque)

Les rôles parasites

Distracteur de l’ennui

Oh, il n’est pas le seul outil à jouer ce rôle, mais il y tient une bonne place. Facebook me distrait dans des moments d’attente qu’il serait bon de laisser à l’ennui, à la contemplation et à la créativité.

Générateur de bulles

C’est une notion qui a déjà été tellement exposée que je n’en parlerai que brièvement, mais on a beau le savoir, un rappel ne fait jamais de mal : Facebook contribue à nous enfermer, chacun, dans nos propres univers. Ce qui m’est présenté n’a rien à voir à ce qui est présenté à l’autre, que je ne verrai jamais, nous permettant à tous de nous conforter dans nos propres positions en n’étant jamais confrontés à la pensée d’autrui. Le réveil est parfois violent.

Régulateur de mon humeur

C’est Partager c’est sympa qui m’a aidé à faire le jour sur cette fonction purement néfaste de Facebook, grâce à cette vidéo sur les réseaux sociaux. Son visionnage m’a fait l’effet d’une claque en m’aidant à réaliser : Facebook décide de ce qui va occuper mes pensées aujourd’hui. Et donc : de mon humeur du jour.

Dans la régulation de mes émotions au quotidien, si je lis les réseaux sociaux, je suis dépendante de ce que va me présenter l’algorithme dans mon flux d’actualités. Or, celui-ci a exactement pour but de générer chez moi des émotions fortes, qu’elles soient positives ou négatives, car c’est bien l’émotion qui fait l’engagement, et rend accro.

L’algorithme peut donc m’énerver en me présentant des contenus dont il sait qu’ils vont me faire réagir fortement (violences policières, actions du gouvernement, discours de notre cher président, catastrophe écologique…), ou me caresser dans le sens du poil avec des initiatives écologiques ou solidaires, des photos de ma Bretagne natale ou des actualités de mes amis ou de ma famille proche. Le fait est que les émotions générées par les contenus négatifs étant plus fortes, c’est plus souvent eux qui priment.

Et voici que par une belle journée d’un printemps qui pourrait presque me faire oublier les enjeux climatiques auxquels nous faisons face, je me retrouve agitée de pensées négatives à pester contre les dirigeants qui sont les nôtres et leur inaction motivée par la dépendance à des intérêts financiers et de pouvoir plus puissants. Ce qui, entendons-nous, fait partie des moteurs de mon action au quotidien, mais dont il faut également savoir sortir, pour passer à l’action.

Pourvoyeur de fake-news

“C’est vrai, je l’ai lu sur Facebook !”… Nous le savons, les fake-news pullulent sur Facebook et il est difficile de les traquer. En théorie, il serait bon de vérifier toute information partagée sur le réseau social et pas produite par une source d’information identifiée comme fiable. C’est fatigant, et il est bon de sortir de cette logique.

Pompeur de mes données

Si vous ne payez pas, vous êtes le produit. C’est quelque-chose dont nous sommes tous conscients, mais probablement à un niveau que nous n’imaginons pas.

Les rôles “annexes”

Les communautés

Cela a longtemps été mon excuse pour ne pas partir de Facebook : les communautés (donc les groupes) dont je faisais partie. Dont un en particulier : le groupe Entraide Apprentis Zéro Déchet à Lyon, que j’avais créé il y a quelques années avec Tiphaine du blog TiffinLyon.

Pour certains, ils m’apportent un peu de contenu de temps à autres. Pour d’autres (comme celui mentionné), j’y tiens un rôle de modératrice / administratrice qui m’a, un temps, tenu à cœur (pour impulser un état d’esprit, et le maintenir dans le temps).

Aujourd’hui, j’en ai délégué en grande partie la gestion, et s’ils répondent parfois ponctuellement à un besoin d’information, je sais que ce besoin pourrait être comblé différemment.

La gestion de pages “pro”

Cette raison a été une contrainte forte pendant des années : l’administration et la publication de contenus pour le compte Facebook de La Cordée. Cette page est désormais tournée pour moi.

À ce jour, c’est un rôle auquel je pourrais également contribuer sur des pages d’associations dans lesquelles je suis investie, mais j’ai donc fait le choix de ne pas me saisir de ces questions, pour ne pas en dépendre dans mon lien avec les réseaux sociaux.

Les événements

Le fait est que cet usage est souvent un doublon d’autres moyens de communication (oral, communication privée, email…), donc je ne ressens pas le besoin de conserver Facebook pour maintenir cet usage.

Le rôle qui me tient à cœur

C’est celui qui a motivé l’ouverture de ce compte à la base, comme pour chacun d’entre vous, j’imagine ! Il s’agit du maintien du lien avec les personnes qui me sont chères.

Un rôle délaissé par Facebook et ses adeptes

Mais force est de constater que Facebook remplit extrêmement mal ce rôle : d’une part parce qu’il sélectionne parmi mes amis ceux dont il me présente les contenus (et vice versa, il sélectionne ceux à qui il va présenter mes contenus), d’autre part parce que Facebook n’étant plus un réseau “relationnel” pour grand monde, le partage de contenus “voici où j’en suis dans la vie” est devenu très limité dans mon entourage.

Une volée de photos par-ci par-là, une actu ponctuellement, et basta ! J’en apprends souvent plus sur mes amis proches par LinkedIn que par Facebook (même sur leur vie perso). À l’inverse, souvent on me demande “Oh mais c’est chouette ce que tu as écrit là, mais pourquoi je l’ai pas vu passer ?” alors que nous sommes bien amis, que le contenu a été publié sur Facebook, et que ce dernier a bien parcouru son flux d’actualités dans les derniers jours.

Une solution : retour aux sources

Un ami (et source d’inspiration) a récemment franchi le pas de quitter Facebook également. Et pour remplacer ce rôle de maintien de contact, il a proposé que l’on s’abonne à sa newsletter perso. Envoyée une fois par mois, avec un peu d’actu sur ce qu’il fait dans la vie et quelques partages de contenus qui l’ont marqué dans le dernier mois. Le tout de manière légère, et propriétaire. J’ai adoré. Et j’attends avec impatience, chaque mois, la réception de sa lettre.

L’email, c’est un contenu simple, qu’aucun alogirthme ne filtrera avant l’arrivée dans votre boîte mail (attention, juste, au bloqueur de spams). La newsletter vous rend libre : de vous abonner, désabonner, de la lire quand vous le souhaitez, ou non. Ce n’est pas un nouveau réseau social, ça ne demande aucune installation, création de compte ou quoique ce soit. Après la bière partagée, et la lettre envoyée par la poste, c’est le moyen que je trouve le plus juste de maintenir une relation avec quelqu’un.

Dont acte. Le premier partira en septembre !

Conclusion

C’est un pas qui me correspond aujourd’hui, et je ne suis nullement en quête d’un absolu, d’une cohérence sans faille avec mon éthique. Je conserverai Messenger, car c’est le seul moyen d’échange que j’ai avec certaines personnes, ainsi que WhatsApp. J’ai aussi toujours un compte Insta. Je sais que je ne coupe qu’un des bras du poulpe. Par ailleurs, mon adresse mail perso est encore hébergée chez Google et si c’est effectivement un objectif d’en partir, ce n’est pas ma priorité aujourd’hui.

Comme le chante si bien Morcheeba, “You and me were meant to be walking free in harmony. One fine day, we’ll fly away. Don’t you know that Rome wasn’t built in a day…” (Toi et moi, nous sommes faits pour marcher, libres, en harmonie. Un beau jour, on s’envolera. Tu le sais bien, Rome ne s’est pas faite en un jour…)

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Julie Pouliquen
Julie Pouliquen

Written by Julie Pouliquen

Travaille à son émancipation personnelle, tente de contribuer à l’émancipation de chacun⋅e. #ethique #zerodechet #minimalisme #CIGALES Steven #work @La_Cordee

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