Comment nous préparons nos vacances sans voiture

Julie Pouliquen
7 min readJan 12, 2022
Vacances de Noël 2021 vers St Brieuc avec les vélos de nos hôtes

Et voilà, nous nous orientons doucement mais sûrement vers une vie sans voiture. Bon, j’en ai possédé une pendant 2 ans et mon conjoint jamais, on ne peut pas dire que nous ayons été des adeptes de ce moyen de locomotion. Mais habitant à Lyon, c’était plus facilement concevable de s’en passer que maintenant que nous déménageons (enfin !) en Finistère nord !

Jusqu’à cet été, c’était justement en vacances que l’on redevenait automobilistes. Hors de la ville, sur un territoire dont nous ne maîtrisions pas les adresses (commerces, producteurs, sorties), sans nos vélos à disposition, nous devenions dépendants de la voiture (voire, pire encore, d’un supermarché pour nos courses). Et ce n’était clairement pas la partie des vacances qui nous plaisait le plus. Au bout d’une semaine ou deux de ce régime, nous devenions chèvres ! Et rêvions de retrouver nos chers vélos. Vélo-boulot-dodo plutôt que auto-vacances-dodo.

Ce sont les vacances 2021 qui ont changé la donne, couplées à notre utilisation de HomeExchange. Dorénavant, les vacances ne rimeront plus avec dépendance, nous nous sentons libres de vivre notre vie sans bagnole jusque dans nos temps off. Sans bagnole, mais bien entendu : pas sans vélos ! Ceci étant dit, c’est un peu d’organisation, et choisir de passer ses vacances sans voiture relève d’une démarche globale : ce n’est pas une contrainte que l’on s’impose une fois que le lieu de vacances est défini, mais bien une donnée en amont qui nous accompagne dans nos choix. Voici quelques astuces pour vous passer de voitures sur votre lieu de vacances.

Notons que cet article n’aborde pas la question des vacances en itinérance, qui regroupent d’autres enjeux et méritent encore un autre article !

Le choix de la région

Il y a deux choses que nous regardons en amont pour le choix du territoire de vacances : l’accessibilité de ce territoire sans voiture (puis-je facilement m’y rendre en train, bus, ferry ?), et la cyclabilité du territoire.

La première question est une question à deux tiroirs : emportons-nous nos vélos ou trouverons-nous en sur place ? Le choix d’emporter son vélo ou non aura un impact non négligeable sur l’offre de moyens de transport disponible.

Voyager avec son propre vélo

Tous les trains ne prennent pas les vélos : OK pour les trains Corail, Intercités, TER côté SNCF, et uniquement certains TGV, sous beaucoup de conditions. L’offre de trains est en train de s’agrandir, et Railcoop a déjà bien affiché sa décision d’accepter à bord les vélos (ce n’est pas pour rien que j’en suis devenue sociétaire). Côté Trenitalia, c’est uniquement dépliés et/ou démontés qu’ils sont acceptés… pas vraiment très pro-vélo.

Côté bus, les Flixbus permettent de voyager avec son vélo non démonté (places limitées mais réservables), ou démonté en soute.

Cet été, c’est une contrainte que nous avions intégrée pour nos vacances en vélo-rando : nous voulions nos propres vélos. Nous avons donc recherché une destination qui soit accessible en train avec nos propres vélos non démontés.

Astuce : Les sites de la SNCF tout comme Trainline sont peu clairs sur la possibilité d’emporter ou non son vélo dans le train, et ne permettent pas d’intégrer le vélo comme critère de recherche… mais le site de la Deutsche Bahn, oui ! Et en français, s’il vous plait. Utilisez-le pour vos recherches d’horaires et de trains, avant de basculer sur un site français pour l’achat.

Côté ferries, c’est plus facile : les vélos sont acceptés, moyennant parfois un supplément.

Quant à l’avion, nous l’évitons…

La cyclabilité du territoire

Côté cyclabilité, il y a plusieurs choses que nous regardons : le baromètre de la FUB (la carte des zones rouges / vertes bien de sortir !), la présence d’aménagements cyclables sur cycle.travel (le site est très à jour : checkez la légende), les vélo-routes (procurez-vous un guide si vous le pouvez).

Pour trouver un vélo sur place

Je vous ai dit que la donne avait changé pour nous avec notre pratique de HomeExchange. En effet, rares sont les échangeurs de maison qui ne possèdent pas de vélos dans leur garage (d’ailleurs, je me note de demander à la plateforme de pouvoir l’indiquer comme critère de recherche). En préambule de nos échanges, c’est dorénavant quelque-chose que nous vérifions bien avant de venir : la disponibilité de vélos fonctionnels sur place. Cet hiver, nos hôtes ont eu la gentillesse de nous trouver en plus un siège bébé et casque enfant pour notre fille. Nous étions parés !

Aussi, nous voyageons fréquemment chez de la famille (parents, beaux-parents), et nous avons profité d’un de nos derniers passages pour remettre en état les vélos qui dorment dans leur garage (c’est ce que nous avons fait cet été chez mes parents). S’ils n’en avaient pas eu, nous aurions peut-être scruté leboncoin pour en acheter qui resteraient sur place…

Notons qu’il est également de plus en plus possible de trouver des loueurs sur les lieux de vacances, même si nous n’avons jamais eu à passer par là.

Le point de chute

Le territoire a beau être cyclable, nous vérifions tout de même quelques trucs importants avant de valider votre réservation : l’appartement / maison se trouve t-il en haut d’une colline ? À quelle distance sont les petits commerces ? Les points d’intérêt (plage, randos, rivière…) ?

Localisez vos centres d’intérêt à proximité

Pour faire vos courses sans voiture, le vrac et le zéro-déchet sont toujours nos amis (c’est toujours ça de moins à porter, en poids comme en volume !). Pour les repérer, il nous arrive de faire un tour sur le site Près de chez nous, et nous avons également le réflexe de regarder du côté des Biocoop : ces dernières années, le réseau des Biocoop a beaucoup grandi et il est rare de ne pas en trouver une à proximité.

Nous localisons par ailleurs : la boulangerie la plus proche, la pharmacie, le marché, le café du coin pour le matin et le bar du coin pour l’apéro… si on a de la chance, des producteurs vendent directement à la ferme. Idéalement, tous ces éléments se trouvent dans un rayon de 5 km, 10 maximum (pour nous, cela a toujours été le cas).

Côté vacances, nous repéron aussi les balades à faire, lieux à visiter accessibles dans ce même rayon de 10 km (que vous pouvez étendre si vous avez : soit de bons mollets, soit pas d’enfant à tracter, soit une assistance électrique). Il y a souvent de quoi faire ! Pour ce qui est un peu trop loin pour un aller-retour dans la journée : un coup de TER peut-être fera l’affaire ?

L’équipement indispensable

Cyclistes du quotidien, nous sommes déjà équipé⋅e en vêtements vélo : un coupe-vent / imperméable, 2 ou 3 vêtements techniques plus ou moins chauds selon la saison, un bon sac à dos, des baskets… bref, vous voyez bien l’idée. Mais n’importe quels vêtements font l’affaire !

Pour éviter de sortir votre smartphone à tous les carrefours pour savoir dans quelle direction aller (ce qui, par ailleurs, est interdit et très dangereux, donc nécessitera de sortir systématiquement de la chaussée), nous avons pris l’habitude d’amener avec nous un GPS vélo. Nous planifions avant de prendre le vélo nos itinéraires grâce à cycle.travel, notre appli préférée, qui nous permet d’identifier aisément les véloroutes et aménagements dédiés pour des trajets apaisés.

Au garage les voitures !

Les vacances sans voiture impliquent plus d’organisation en amont et sur place, et l’intégration de nouveaux critères dans le choix de la destination : accessibilité en transports publics (train surtout), disponibilité de vélos sur place ou capacité à emporter les siens, variété de commerces et points d’intérêt touristique (monuments / musées, points de baignades, sentiers de randonnée…) à proximité. Mais c’est un choix très largement gagnant : apaisé, confortable, économique et écologique.

Ce sont des vacances où l’on va se contraindre à privilégier l’ultra-local. C’est un éloge à la lenteur, une invitation à prendre le temps de découvrir en profondeur un tout petit bout de territoire. On arrête de courir à droite à gauche pour instagrammer tout ce que la région compte de lieux touristiques “à voir absolument” : on fait un choix ciblé dans un périmètre restreint, choisi très exactement pour sa capacité à concentrer les points d’intérêt sur un petit territoire. De notre (courte) expérience, nous revenons de ces vacances bien mieux reposés que précédemment.

Il n’y aura pas de retour en arrière…

Alors, on part où ?

Progressivement, la confiance et les cuisses se développant en parallèle, vous réaliserez que peu importe le territoire, il est toujours possible de se passer de voiture (quitte à s’équiper en électrique pour passer outre le dénivelé ou les distances).

Mais dressons tout de même une petite liste des territoires les plus adaptés à des vacances sans voiture (vous m’aidez à la compléter ?) :

  • L’Île de Ré : c’est tout simplement sa réputation !
  • Les îles en général : la petitesse du territoire réduit la présence de voiture et concentre les points d’intérêt.
  • La côte varoise de Toulon à Fréjus : une piste cyclable bidirectionnelle séparée de la route longe la Méditerranée.
  • Les lacs alpins (surtout Annecy et le Léman)
  • La côte basque
Les véloroutes : copie écran du site cycle.travel

Bon, ça c’est pour la France. Parce qu’évidemment, si on ouvre un peu nos perspectives et qu’on se tourne vers la Belgique, les Pays-Bas, l’Angleterre ou l’Allemagne, on devine à cet aperçu qu’une foultitude d’options s’offre à nous ! Alors, rendez-vous à Berlin autour d’une pinte et d’une curry wurst ?

--

--

Julie Pouliquen

Travaille à son émancipation personnelle, tente de contribuer à l’émancipation de chacun⋅e. #ethique #zerodechet #minimalisme #CIGALES Steven #work @La_Cordee