Via Allier partie sud : beta-test de presque 200 km
Beta-test pourquoi ? Parce que c’était tout à la fois : notre première vélo-rando, notre première itinérance avec l’enfant et les premiers voyages de notre bagagerie vélo 100% DIY et réalisée à la dernière minute.
Mais surtout, parce que nous sommes probablement parmi les premiers cyclo-randonneurs à se faire la moitié sud de la Via Allier en itinérance, cette portion n’étant pas bien terminée et la Via Allier (V70) étant elle-même très récente. C’est pourquoi nous avons eu du mal pour notre préparation à trouver des informations, et c’est donc ce qui nous amène à vous proposer cet article avec nos retours tout frais (de juillet 2021) !
Notre trajet en données
L’équipée
Alex, 36 ans, moi, 34, et Alice, 2 ans. Nous sommes tous deux plutôt sportifs, mais pas vraiment en condition sportive optimale (pas de pratique sportive régulière ces derniers mois, si ce n’est que nous faisons du vélo quotidiennement à Lyon, pour l’intégralité de nos trajets).
Côté enfant, elle est propre (ce qui nous simplifie les choses ici), mange comme nous, et côté logistique ne nous impose de prendre qu’un pot de lait infantile (pour le biberon du matin), et un doudou (lapin).
La préparation
En amont du voyage, nous avions tout de même acheté LE guide de la ViaAllier, qui n’en est pas exactement un mais plus un guide des vélos-randos à faire en Auvergne (avec des bouts mais pas l’intégralité de la ViaAllier dedans).
Il nous a moins aidé que le site cycle.travel, extrêmement pratique, grâce auquel nous avons planifié tous nos itinéraires. Si vous l’essayez pour la première fois, ne loupez pas les pictos orange sur votre gauche, dans Route Tools et Find hotels and campsites (dont l’indispensable petit picto montagne qui vous donnera le profil altimétrique de votre étape).
NDLR : Nous avons découvert a posteriori que cycle.travel avait des “route guides”, dont un sur la Via Allier, qui n’avait pas tant à rougir.
Le matériel
- Les vélos : deux vélos type VTC (musculaires !). Celui de l’homme est plus léger que le mien et plus adapté au profil de notre vélo-rando, avec 2 plateaux. Avec un seul de mon côté, j’ai un peu lutté sur certaines montées. Avec leur petit kit de réparation, évidemment.
- La remorque : une Thule Lite Cab1, chargée d’un enfant de 12 à 15 kg dedans (avant / après les repas), et sa chambre à air de secours, qui a servi !
- Les GPS : 2 GPS, tous deux d’occasion achetés juste avant le voyage (l’idée étant de les tester, voir lequel nous gardons par la suite), un Garmin Edge 520 et un Garmin Edge 1000 (nous garderons probablement le 1000, dont la vision carte est bien pratique).
- Les bagages : toute notre bagagerie a été faite maison dans les deux semaines avant le départ : deux sacoches de guidon, une sacoche de selle, une sacoche de cadre, deux vide-poches (ceux-là réalisés plus tôt). Une seule couture a lâché, le premier jour, et a été réparée dans la foulée chez notre première hôtesse, qui a sorti sa vieille Singer pour l’occasion ! Le “coffre” de la remorque a également été bien utilisé.
- Les vêtements : à peu près 5 tee-shirts chacun⋅e, un short de sport et un normal, un maillot, un pantalon, un vêtement chaud technique et un plus “ville”, une paire de baskets et des tongs (ou des Crocs).
- En plus : nos deux ordis (car nous en aurons besoin pour la semaine suivante), un appareil photo, un opinel, un set de couverts, 2 tupperwares, un briquet, une serviette type microfibre.
J’ambitionne d’écrire quelques tutoriels sur comment j’ai cousu nos bagages vélo par la suite, mais en attendant voici une page dont je me suis beaucoup inspirée pour les sacoches de guidon et de selle. À noter qu’elles ont été réalisées en tissu étanche, mais les coutures elles-mêmes ne sont pas étanchéifiées. Lors de la dernière étape, d’1h30 sous la pluie, nous avons pu tester cet aspect : quelques “tâches” d’eau au niveau des coutures extérieures, c’est tout ! Carrément satisfaisant.
Le choix du parcours
194 km, du Puy-en-Velay à Vic-le-Comte (2000 mètres D+, 2200 D-). Pourquoi la Via Allier ? L’idée était triple :
- Pouvoir y aller en train avec nos vélos, donc accessible en TER ou train Intercités.
- Longer une rivière : j’ai trop peur de la canicule, je veux pouvoir me rafraîchir !
- Se reposer dans un endroit cool pendant une semaine, à l’arrivée.
Pour trouver notre vélo-rando, nous avons procédé à rebours, en cherchant d’abord notre point d’arrivée, le long d’une rivière, sur HomeExchange (tu ne connais pas encore HE ? Lis cet article, et inscris-toi vite avec ce lien de marrainage). Nous avons trouvé un échange dans une maison qui nous a carrément tapé dans l’œil à Vic-le-Comte, le long de l’Allier… et c’est comme ça que s’est dessiné notre parcours.
Pour l’hébergement sur la première semaine, nous avons fait le choix de la chambre d’hôtes : plus confortable à trois, et nous permettant de partir plus légers ! Nous avons réservé les deux premières nuits la semaine précédent le départ, puis la suite au fil de l’eau (un peu plus d’anticipation aurait pu nous permettre plus de choix de points de chute, mais aux dépens de la flexibilité).
Les étapes
- Le Puy-en-Velay — Costaros : 23 km
Nous commençons notre périple au Puy-en-Velay car celui-ci est bien plus simple à rejoindre en train avec nos deux vélos et la remorque de l’enfant (repliée). 23 km seulement, mais quels 23 km : du dénivelé positif constant de bout en bout ! Et avec un départ seulement dans l’après-midi, vu que nous arrivons en train en gare du Puy vers 15h, il ne fallait pas plus.
Malgré le dénivelé, l’étape est très agréable, en voie verte tout le long avec de longs tunnels au début, très chouettes ! Petit point d’attention, vous ne croiserez aucun commerce / bourg de village, donc prévoyez vos ravitaillements. Notre chambre d’hôte du soir est très agréable, et dès les premières heures, nous passons bien en mode vacances.
- Costaros — St Privat d’Allier : 40 km
Après une remarquable descente, nous trouvons notre Via Allier juste au-dessus de St Haon, par le Bouchet St Nicolas. C’est l’étape la plus “sérieuse” que nous faisons, avec beaucoup de dénivelé (dans un sens comme dans l’autre). Nous déjeunons avec une vue incroyable sur l’Allier et le village d’Alleyras, au niveau d’un point de vue quelques centaines de mètres avant le village (vous ne pourrez pas le louper). Tout le long de l’étape, la vue sur la rivière est très belle. Nous la croisons une première fois au niveau du Pont d’Alleyras, sans encore trouver la possibilité de se baigner.
À noter que nous avons eu des difficultés à trouver une pause hydratante (café et remplissage de gourde) à faire entre Alleyras et Pont d’Alleyras, pour finalement nous retrouver à prendre un café dans un village vacances au fond d’une petite route. Ne faites pas comme nous, rendez-vous à la gare du Pont d’Alleyras, où vous trouverez deux cafés-restaurants (pas bien identifiés par nos GPS).
Le trafic est très faible sur cette portion, nous avons croisé peu de monde et la route était très agréable jusque St-Privat (malgré le dénivelé !).
NDLR : Malgré les indications Google il n’y a pas de canyon accessible à voir depuis St Privat (mais des parcours de canyoning doivent passer pas loin).
St Privat étant le point d’arrivée de la première étape du chemin de Compostelle après le Puy-en-Velay, on y trouve de nombreux gites et chambres d’hôtes, ainsi que 2 bars, un restaurant et une pizzeria. Vous ne devriez pas avoir de souci pour trouver un hébergement. Le nôtre, la Cabourne, était agréable (et on y a très bien mangé !).
- St-Privat d’Allier — Langeac : 34 km
La route serpente agréablement et sans trafic, en hauteur jusqu’à une belle descente (la moitié d’un col du Criterium du Dauphiné) jusque Prades, magnifique point de baignade sous les “orgues”. Prades peut être une magnifique étape pour les adeptes des petits villages et des chouettes baignades. Néanmoins, assurez-vous du gite et du couvert avant d’y arriver : nous n’y avons vu que deux food-trucks et un centre UCPA. Le village étant le point de départ le plus haut des balades en kayak sur l’Allier, nous retrouvons un trafic modéré à partir d’ici.
Avant d’arriver à Langeac, ne faites pas comme nous : faites un arrêt à Chanteuges (on venait de repartir, l’enfant dormait, donc on a préféré rouler). Si vous vous organisez bien, vous pourriez même aller visiter le Conservatoire National du Saumon Sauvage, à la sortie du village (ouvert aux visites certains jours de la semaine).
Avec Langeac, vous atteignez une des premières “villes” de la ViaAllier. Et ce qui vient parfois avec : vos premières cohabitations avec des bagnolards pressés sur des départementales non adaptées aux cyclistes. Notre hôte à Langeac nous confiait avoir peur à chaque fois que son fils voulait aller en ville à 1 km (passage le long de la départementale). La loi Laure n’est clairement pas respectée partout, les aménagements cyclables ne sont pas continus (nous avons entre autres croisé une mère et sa fille de 5 ans bien en difficulté sur leurs deux vélos à une intersection de départementales où elles devaient tourner à gauche, sans aménagement cyclable), et nous n’avons pas trouvé un seul stationnement vélo en ville. Bref, peut mieux faire Langeac.
Mais nous avons tout de même pu nous reposer à l’ombre et loin des bruits des voiture sur l’île d’Amour, coin sympa avec ses jeux pour enfants et sa plage sur l’Allier. Pour vous restaurer, nous vous conseillons franchement Au restô, dont la terrasse donne sur l’Allier.
- Langeac — Blassac : 16 km
Nous avons rajouté une étape courte en cours de parcours, car nous avions mal calculé notre itinéraire et arrivions trop vite à destination (les débutants…). Mais ce n’était pas si mal parce que ces journées ont été très (trop ?) ensoleillées, et nous chauffions beaucoup plus vite avec chaque mètre de dénivelé ! Aussi, cela nous a permis de profiter de quelques petites perles, comme Chilhac, Lavoute-Chilhac, ou nos hôtes de Blassac.
L’étape commence par une chouette ascension jusque Chilhac, un village magnifique où nous aurions aimé passer plus de temps. Et notamment dans ce charmant petit bar, l’Embuscade, où nous avons pris un café mais serions bien restés déjeuner (pensez à réserver !). Si le parcours était à refaire, nous chercherions à passer la nuit à Chilhac (le bâtiment face à l’Embuscade avait l’air de faire gite d’étape).
Nous avons passé ensuite la journée à Lavoute-Chilhac, ce magnifique village abreuvé par l’Allier qui le traverse en forme de fer à cheval. Lavoute-Chilhac est une base importante de départ / arrivée de descentes en kayak sur l’Allier, donc il y a un peu d’activité (en été, nous précise t-on). Trois restos, dont un fait plus bar, des points de baignade, on y était bien.
Le soir, nous avons dormi chez Michel et Joselyne, à Blassac. Coup de cœur pour cette chambre d’hôtes toute en douceur, ce petit déjeuner sur la terrasse surplombant des jardins très joliment travaillés, et ce couple adorable qui nous a dorlotés.
Forts de cette expérience, de notre traversée trop courte de Chilhac (et d’autres villages tout aussi charmants), et des moins bons souvenirs associés à Langeac, nous nous sommes dits que nous chercherions à présent systématiquement à nous loger à l’abri des regards, dans de tout petits villages ou hameaux, pour peu qu’il y ait à moins de 5 km un endroit où savourer la bière du soir, et un bon repas. Ainsi soit-il.
- Blassac — Ste Florine : 41 km
Le début d’étape est ombragé, et avec peu de trafic, bien que nous soyons sur la départementale, que nous quittons néanmoins sans regret pour prendre une petite route de l’autre côté de l’Allier. La route est très agréable jusque Vieille-Brioude où nous nous arrêtons pour la pause déjeuner. L’endroit est très beau, la petite visite du musée de la vigne détend les mollets et nous donne à voir de belles pierres et de beaux points de vue. Puis nous quittons brièvement la V70 pour aller prendre un café au bord de l’Allier, au niveau du camping plus bas, en attendant l’ouverture de la Maison du Saumon et de la Rivière à Brioude. La petite a adoré, notamment l’animation autour de l’ascenseur à poissons, et le bassin tactile à la fin (“Encore !”).
Brioude avait l’air assez sympathique, mais nous ne faisons que la traverser, puis reprenons la route juste le temps de trouver un endroit où nous baigner. Ici la route est bien moins agréable : c’est une départementale où les véhicules passent très vite (dont les camions…). Il n’y a pas d’ombre, le macadam réverbe une sacrée chaleur… heureusement nous trouvons une sorte de plage un peu plus haut, vers Azérat, où nous nous baignons avant de repartir vers Ste Florine.
Ste Florine gagne la palme de la ville la moins cyclable, tout autant que la moins piétonne du parcours. Pas de trottoir (ici les piétons doivent à de nombreux endroits “partager la route” avec des véhicules qui les frôlent de près), pas d’aménagement cyclable, mais des véhicules tunés et pétaradants (voitures ou deux-roues) à tous les coins de rue. Ce n’est clairement pas le lieu où l’on s’est sentis le plus accueillis, mais heureusement, nos hôtes étaient charmants.
- Ste Florine — Issoire : 29 km
Cette journée ne restera pas dans les annales. Ce n’était pas la plus belle route (de loin), il a fait chaud (très chaud), et nous avons échoué piteusement à 2 reprises à trouver un endroit où nous baigner (heureusement, l’enfant ne nous en a pas tenu rigueur car nous lui avons trouvé une crêpe à l’arrivée). L’accès à la ville d’Issoire est carrément lamentable pour les cyclistes, bien que des panneaux indiquent que c’est effectivement la route à prendre : on passe par le rond-point d’accès à l’autoroute, à 100 mètres des voies d’insertion… autant vous dire qu’à plusieurs reprises, on a “serré les fesses” (expression maternelle).
À sa décharge, Issoire n’est pas sur la V70 et ces quelques ronds-points sont hors de la Via Allier. On en sort pour rejoindre la ville, au niveau de Varennes-sur-Usson. Mais des itinéraires cyclables la traversent néanmoins, et il serait temps de faire un sérieux effort d’aménagement.
Issoire néanmoins est une charmante petite ville, dont le cœur presque piéton est agréable pour déambuler. Le soir était bien animé, avec des concerts dans la ville et tous les restos qui sortaient de grandes terrasses sur la rue (les Vendred’Issoire).
- Issoire — Vic-le-Comte : 17 km
Cette étape était très courte mais ce fut bien heureux, puisque nous avions rendez-vous avec nos hôtes à 11h30, et que nous avons pédalé l’intégralité de ces 17 km… sous la pluie ! Il fallait bien ça pour finir notre baptème de vélo-rando en itinérance (et cela justifiera l’absence de photos pour ce jour-ci).
Ce n’est pas la pluie, par contre, qui nous a gâché cette étape, mais un trafic très important entre les deux villes, et très peu regardant des conditions idéales pour doubler des cyclistes, encore moins par temps pluvieux…
The end
Mais passons. Car maintenant c’est repos, et parce que nous avons eu l’agréable surprise de voir que nos hôtes HomeExchange nous laissaient à disposition leurs deux vélos… électriques ! L’homme dit que c’est triché de descendre avec à la rivière. Eh bien moi j’m’en fous, je triche !
Dans une semaine, retour à Lyon après une ultime étape pour nous rendre à la gare de Clermont-Ferrand. Et vous, quelle est votre expérience de la Via Allier ?